1968 a été une révolution culturelle mondiale. Les protestations contre la guerre du Vietnam et la revendication d’une démocratisation de l’ensemble de la société, ont constitué un trait d’union entre les différents mouvements dans les pays européens et extra-européens, mai 68 devient donc un évènement transnational. Le monde existant, le capitalisme et la guerre devaient faire l’objet de profondes transformations, mais la vie quotidienne était également remise en question. À l’origine de ces mouvements de protestation : des étudiants, qui remettent en cause les systèmes établis, les pouvoirs en place, l’organisation même de la société. En Tchécoslovaquie, par exemple, ils réclament un socialisme à visage humain ; aux États-Unis, ils appellent à la liberté d’expression et à l’arrêt de la ségrégation raciale ; en Italie, les jeunes se joignent aux ouvriers pour réclamer plus de liberté et de justice sociale.
En ce qui concerne le genre dans les années 68 on assiste à un bouleversement. Dans le moment 68, les normes de genre sont profondément bouleversées, le rôle des hommes et des femmes diffère dans le cours même du temps court des événements. Les masculinités sont modifiées par une part des jeunes gens qui s’affichent avec cheveux longs et jeans identiques à ceux des jeunes filles, on pense notamment à l’image des Hippie des États-Unis, même si les rôles sexués traditionnels perdurent dans les services d’ordre des manifestations et des groupes d’extrême gauche. L’égalité des salaires masculins et féminins est revendiquée dans des grèves dès 1966 à Herstal en Belgique, puis en 1968 dans l’usine Ford en banlieue londonienne, et dans des grèves de mai-juin 1968 en France. Un mouvement féministe inspiré par des Américaines se constitue dans nombre de pays européens avec le mot d’ordre « le privé est politique ». La lutte pour la contraception et l’avortement aboutit à de nouvelles lois et le divorce est obtenu avec parfois un décalage chronologique en Italie et en Suisse par exemple. Les sexualités mêmes sont progressivement transformées.
Cependant, les femmes sont derrières les hommes, elles distribuent des tracts, vendent des journaux, écrient des slogans. En mai-68, ce sont les hommes qui monopolisent la parole, en principe, tout le monde a le droit de s’exprimer, mais tout reste encore une affaire d’hommes. Henri Weber, ancien responsable étudiant, le reconnaît bien volontiers aujourd’hui. « Nous étions des affreux machos : aux femmes l’exécution, le soin, la famille, et aux hommes le commandement, l’autorité, la création… on avait été biberonnés avec cela ». Pourtant, les femmes sont bien présentes dans les années 60, elles représentent environ 40 % de la population active mais peu sont des cadres, et beaucoup sont des ouvrières ou des employées.
Mai 68, a permis également une certaine libération sexuelle « faites l’amour pas la guerre » l’un des slogans criés par les jeunes de mai 68, et également une libération homosexuelle. Cependant, la tonalité libérale du code pénal français ne peut pas nier que la France a maintenu, à l’instar des autres nations, un cadre juridique discriminatoire et des pratiques policières répressives sanctionnant les manifestations publiques de l’homosexualité, en particulier pendant la période de Vichy et les années d’après-guerre. C’est à la suite de la révolution de 1968, l’État français commence à engager une libéralisation juridique en matière de moralité sexuelle, pour les homosexuelles par exemple cela va se traduire par l’abaissement de l’âge du consentement de 21 à 18 ans. Ceci dit, cette période marque le début d’une transformation lente et inégale de la relation entre police et homosexuels. Il est possible notamment, de prendre l’exemple de Berlin-Est et de la libéralisation homosexuelle
Après les évènement de mai 68, en France il y a une métamorphose, notamment au niveau des mœurs et de la libération sexuelle. La jeunesse issue du baby-boom, rêve de liberté, de musique et d’amour. Elle ne se reconnaît plus dans ce pays en plein essor mais corseté par un puritanisme bien-pensant. Les garçons veulent aller dans le dortoir des filles, et les femmes proclament désormais leur désir et entendent l’assumer. Une révolution qui a donc bouleversé les relations hommes-femmes.
Bibliographie :
Dan, Callwood, traduction Isabelle, Enderlein, introduction, Sarah, Kiani, Frédéric, Stroh, « Vers la libéralisation ? La répression de l’homosexualité masculine en France, de 1968 à l’apparition du VIH/SIDA », Sociétés contemporaines, vol. 4, N° 128, 2022, p.59-91 [en ligne] : https://shs.cairn.info/revue-societes-contemporaines-2022-4-page-59?lang=fr.
Nicole, Mosconi, « Mai 68 : le féminisme de la “deuxième vague” et l’analyse du sexisme en éducation ». Les Sciences de l’éducation – Pour l’Ère nouvelle, 2008/3 Vol. 41, 2008. p.117-140. [en ligne] : shs.cairn.info/revue-les-sciences-de-l-education-pour-l-ere-nouvelle-2008-3-page-117?lang=fr.
Pour plus de détail :
Emmanuelle, Loyer, « 1968, l’an I du tout culturel ? » Vingtième Siècle. Revue d’histoire, vol.2 n° 98, p.101-111, 2008 [en ligne] : https://shs.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2008-2-page-101?lang=fr.
Sarah, Kiani, « Libération homosexuelle et socialisme réel à Berlin-Est ». 20 & 21. Revue d’histoire, vol. 1 N° 145, p.121-133, 2020. [en ligne] : https://shs.cairn.info/revue-vingt-et-vingt-et-un-revue-d-histoire-2020-1-page-121?lang=fr.
Guillaume Sintès, Sylviane Pagès, Mélanie Papin (Dir.). Danser en Mai 68. Premiers éléments. Micadanses, 2014.