L’hygiénisme

L’hygiénisme est un courant de pensée apparu au milieu du XIXe siècle, pour lequel Parent-Duchâtelet est adhérent, lié en partie aux travaux de Pasteur et qui prône une nouvelle approche de l’environnement humain et l’essor des villes.

Il s’agit, selon les termes de Gorges Vigarello (1993) de retrouver les « valeurs données à la nourriture, aux boissons, à l’air respiré, au travail, au repos, à la propreté d’un corps ». Dans le domaine de la santé, les théories hygiénistes postulent qu’une amélioration du milieu de vie des humains entraîne une amélioration de leur santé, toutes catégories sociales confondues. La diffusion de ces théories a été facilitée par la surreprésentation et l’influence du corps médical dans les cercles du pouvoir de plusieurs pays européens au XIXe siècle.  Les épidémies comme celle de choléra en 1832, vont toucher durement les populations, les médecins font alors le lien entre les conditions de vie insalubre et les décès par maladie. L’entassement des familles dans des petites maison, sans aérations, et les égouts à ciel ouvert sont mis en cause dans la propagation des maladies et la fréquence des décès. Alexandre Parent Duchâtelet médecin hygiéniste mais donc en avant dans son ouvrage l’importance des visites médicales et le contrôle des maladies en ce qui concerne les prostituées.

L’hygiénisme ou le mouvement hygiéniste a exercé une grande influence en particulier dans l’aménagement de l’espace et l’urbanisme de cette période. En ville, se développe entre 1850 et 1900 les réseaux collecteurs d’eaux usées (égouts) et le ramassage des déchets, mais aussi les toilettes publiques, les fontaines et les jardins publics. L’architecture favorise des construction métallique ce qui permet de nombreuses constructions avec des verrières qui laissent passer la lumière, considérée comme bonne pour la santé.

En urbanisme, les grands travaux d’urbanisme, comme ceux du préfet Haussmann à Paris, répondent partiellement aux préoccupations de l’hygiénisme (circulation de l’air et des flux, destruction de taudis et assainissement à l’échelle de toute une ville).

La création de plusieurs station thermales du fait de l’essor des chemins de fer, fait se développer la mode des bains de mer (Deauville, première station touristique de bord de mer), tout comme celle des sports, l’activité physique étant perçue comme un moyen de se maintenir en bonne santé, même si elle reste toutefois réservée à la haute-société jusqu’à sa démocratisation au XXe siècle.

Avec l’essor des thèses hygiéniste on peut donc observer la diffusion de plusieurs affiches telle que :

L’Alcool, voilà l’ennemi… Tableau d’anti-alcoolisme par le Dr Galtier-Boissière. Collection de tableaux muraux Armand Colin & Cie, Tableau 6 (1900)
De l’eau, de l’air, de la lumière… : collection de tableaux muraux Armand Colin, Tableau 14 bis (1900)

Une hygiène qui commence aussi par une hygiène privée, comme on peut l’observer sur ces affiches. Affiches qui pouvaient notamment se faire présenter dans une salle de cours pour apprendre et inciter les élèves à suivre les bon gestes.

Au XXème siècle l’hygiénisme crée un lien avec le natalisme. Ce natalisme se présente comme une doctrine démographique et éventuellement comme un ensemble de mesure prise par un État. L’exemple de la lutte anti vénérienne continu au XXème siècle, une peur va être créer autours de la mortalité infantile et la syphilis, l’exemple de cette affiche :

Le fait de vouloir cantonner les relations sexuelles au mariages fait partie des objectifs ; à ce sujet comme l’a noté Alain Corbin pour l’avant-guerre, la Société de prophylaxie entreprend une campagne de dissuasion à l’égard de la sexualité juvénile (Corbin, 1978). Ses membres s’accordent à défendre la chasteté : « ce qu’il faut obtenir c’est que les jeunes gens se marient vierges ».

Bibliographie :

Virginie, De Luca Barrusse, « Natalisme et hygiénisme en France de 1900 à 1940 : L’exemple de la lutte antivénérienne ». Population, vol. 3 n°64, 2009. p.531-560, [en ligne] : shs.cairn.info/revue-population-2009-3-page-531?lang=fr.

Pour plus de détail :

Alain Corbin, « L’hérédosyphilis ou l’impossible rédemption. Contribution à l’histoire de l’hérédité morbide ». Romantisme, n°31. Sangs. 1981, pp. 131-150;

Alain Corbin, « Les prostituées du XIXe siècle et le « vaste effort du néant »». Communications, Dénatalité : l’antériorité française, 1800-1914, 44, 1986, pp. 259-275, [en ligne] : https://www.persee.fr/doc/comm_0588-8018_1986_num_44_1_1662